L’essentiel
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Vishwash Kumar Ramesh, 40 ans, est le seul survivant d’un crash d’avion d’Air India à Ahmedabad, et a déclaré : « Tout s’est passé sous mes yeux, et je n’arrive toujours pas à croire que j’ai pu sortir vivant de tout ça. »
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Les survivants d’accidents collectifs peuvent souffrir du syndrome de culpabilité du survivant, entraînant des symptômes psychologiques comme l’anxiété, l’hypervigilance et l’isolement social.
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Ce syndrome, initialement appelé « konzentrationslager syndrome » peut survenir lors d’événements tragiques collectifs ou même chez des personnes guéries du cancer.
Il occupait la place 11A dans l’avion de la compagnie Air India. Vishwash Kumar Ramesh, 40 ans, est le seul survivant du crash survenu à Ahmedabad, ce jeudi. « Tout s’est passé sous mes yeux, et je n’arrive toujours pas à croire que j’ai pu sortir vivant de tout ça », a-t-il déclaré depuis son lit d’hôpital à la chaîne indienne DD. Avant d’expliquer : « Je me suis retrouvé plus près du sol et il y avait de la place. Quand ma porte s’est ouverte, j’ai vu cet espace et je me suis dit que je pouvais me glisser dehors. Et je l’ai fait. »
Pour les survivants des accidents collectifs, le plus difficile reste l’après. Physiquement, mais surtout mentalement. Pour certains rescapés, le syndrome de la culpabilité des survivants peut apparaître après l’accident. La personne va se sentir coupable de ne pas faire partie des victimes, voire éprouver un sentiment de trahison de ne pas avoir pu sauver les autres. « Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas blessé physiquement que vous n’avez rien. On soigne plus facilement un bras cassé que les conséquences psychologiques d’un attentat dont on a réchappé », nous expliquait la psychologue Florence Bataille, au moment des attentats de Paris.
Anxiété et hypervigilance
Chez les rescapés, les symptômes peuvent être nombreux, notent les psychologues. Leurs patients peuvent ne plus se sentir légitimes de vivre ou même décider de couper leurs liens sociaux. Psychologiquement, ils vont souffrir de troubles anxieux et d’une hypervigilance. Des signes d’irritabilité, de colère ou d’agressivité sont également constatés.
Toutefois, selon la psychologue Hélène Romano, interrogée par France 3, le trouble est encore mal diagnostiqué en France car la victime ne va pas oser verbaliser sa souffrance ou être considéré comme secondaire. « Dans la prise en charge des drames, les blessés directs et leurs proches sont priorisés et les témoins secondaires se voient relégués derrière par manque de moyens. Ils passent sous les mailles des dispositifs de prise en charge », indique la professionnelle.
Un syndrome théorisé après la Shoah
Initialement, ce syndrome a été théorisé dans les années 1950, après la Shoah. D’où son deuxième nom « konzentrationslager syndrome », [« syndrome des camps de concentration », en allemand]. « Parmi l’ensemble des symptômes, celui de la culpabilité du survivant est particulièrement fréquent, car la plupart des enfants cachés se sentent terriblement coupables d’avoir survécu alors que leur famille a été exterminée. Combiné aux atrocités dont ils furent témoins ou victimes, ce sentiment de culpabilité est source de profondes cicatrices psychologiques », écrit à ce sujet Frédéric Crahay, directeur de la Fondation Auschwitz.
Le syndrome survient principalement lors des évènements collectifs tragiques comme les attentats ou les accidents, mais peut également apparaître chez les personnes atteintes d’un cancer et qui ont guéri. « Certains survivants se sentiront ainsi quand ils réaliseront qu’ils ont survécu et qu’ils se rétablissent alors que ce n’est pas le cas pour des amis atteints de cancer », explique la Société canadienne du cancer.